L’hiver a été clément et normalement arrosé.
Une nouvelle fois le gel de début avril a menacé notre vignoble, les températures sont descendues jusqu’à -4°C sur une courte période au lever du soleil, si bien que nous avons échappé au gel. Nous avons aussi changé notre mode de taille en optant pour une taille ancestrale en deux fois, en repoussant d’un mois la taille définitive pour décaler le débourrement des vignes.
La fleur a démarré fin mai, le 26 mai, elle a trainé sur 10 jours, avec des températures fraiches le matin et un vent permanent, entrainant des problème de fécondation des raisins que l’on retrouve dans nos raisins millerands.
Le printemps et l’été resteront dans les annales parmi les plus chauds et secs depuis la fameuse année 1976. Trois grosses semaines de canicule ont marqué la vigne sur juillet et août avec des températures avoisinant les 39°C à 40°C.
Nous avons eu un premier épisode de grêle le 4 mai.
Un violent orage avec tornades de vent, pluies tropicales dans la violence, se sont abattus sur Gevrey le 22 juin à 15h, avec 50 mm d’eau tombé en une heure. Les caves ont été inondées, l’église de Gevrey également. L’épisode a été classé en catastrophe naturelle.
La terre des vignobles est descendue dans le village.
Cela a permis de constituer cependant une bonne réserve d’eau qui a aidé les vignes à mieux faire face à la sécheresse du printemps et de l’été. Le secteur le plus touché sur Gevrey a été le secteur des 1ers Crus, Lavaux, Champeaux et les vignes au pied des Gevrey 1ers Crus. Les vignes en plaine ont été relativement épargnées.
La saison de sécheresse n’a pas permis aux maladies de s’exprimer, mildiou, podium et pourriture ont été absents cette année.
Ces conditions d’extrême sécheresse ont marqué les vignes. Les vignes en coteaux et les vieilles vignes ont bien résisté au manque d’eau en raison de leur enracinement profond leur permettant d’aller chercher l’eau dans le sol.
Par contre les jeunes vignes ou celles situées dans les sols caillouteux drainant ont souffert. On peut observer des pertes de feuilles au niveau des grappes, des raisins échaudés par la chaleur, griffures et transformés en momies. C’est un mécanisme de défense de la vigne qui va se mettre en mode survie pour essayer de sauver ses fruits.
Nous avons décidé de ne pas effeuiller les vignes cette année et de rogner plus haut pour apporter une peu d’ombre aux raisins.
Les quelques épisodes de pluie de fin août, 15 mm, ont permis de relancer la photosynthèse et de débloquer certaines vignes dont la maturation s’était arrêtée, suite au stress hydrique.
Nous décidons donc de commencer nos vendanges le 3 septembre 2022, préférant attendre encore un peu la maturité phénolique des anthocyanes et des tanins qui n’était pas encore là fin août.
Les premiers jus que nous goutons sont bien sucrés, très peu acides, les peaux sont très épaisses, les pépins sont marrons et murs.
Il faudra attendre le pressurage pour connaitre le rendement en jus qui devrait être moyen compte tenu des incidents climatiques.